Ceux qui me connaissent savent que j'aime jouer sur les mots et avec les mots. Seulement quand ceux-ci se retournent contre moi, c'est une autre histoire.
À l'oral, ils me font l'effet d'une claque très forte. Les larmes me montent aux yeux. Je peux lire sur le visage de mon interlocuteur que ce n'est pas pour rire. Je prends les mots en pleine face et ils me font réfléchir instantanément. A cet instant, il m'est impossible de regarder la personne dans les yeux, je suis honteuse et surtout fautive à 100%. Bien souvent je finis sur les genoux de celui-ci et la punition physique commence. En revanche pendant cette punition, les mots qui me sont dit me permettent de lâcher mais il est dur voire même impossible aussi de me souvenir de ce qui a été prononcé. Une fois la sanction finie, les mots me réconfortent et m’apaisent, ils peuvent aussi me faire lâcher une dernière fois. La voix de mon punisseur est plus douce et plus calme. Je suis alors soulagée mais les mots tournent en boucle dans ma tête et ce pour un bon moment.
À l'écrit, c'est tout autre chose. Déjà il y a la distance donc je ne peux pas voir la réaction. Ensuite j'ai une imagination débordante et là ça ne joue pas en ma faveur. Je cogite et pas qu'un peu. Je sais que j'ai déçu. Le pire dans tout ça c'est l'éloignement ou le manque d'affection… je trouve que les mots sont tout aussi durs voir plus durs à l'écrit. Peut être parce qu'ils restent et que je peux les relire.
Mais les mots ne se retournent pas toujours contre moi, heureusement. Ils félicitent, encouragent, réconfortent. On joue avec les mots comme on jouerait aux billes. Il est facile pour moi de taquiner derrière un écran, il est facile de dire ce que je pense. Bizarrement dans ma vie professionnelle, je suis tout autre. Je réponds, mes paroles et mes mots sont justes et prononcés avec confiance.
C'est pareil pour le regard, quand je me retrouve devant un homme qui me domine du regard, je suis incapable de le regarder. Soit je ris et je me fais aussitôt sermonner, soit je jette un rapide coup d'œil et je regarde ailleurs.
Avec les yeux, on peut dire beaucoup, la joie, la colère… mais des yeux qui me fixent et qui me disent « Toi cocotte, tu vas passer un sale quart d'heure » me glacent, me gênent mais ils m’excitent aussi…
Alors imaginer que je sois devant quelqu'un qui me regarde avec sévérité et qui allie les mots à ça.
Bah wep « cocotte » perd ses moyens et devient une petite fille qui se tortille dans tous les sens, qui joue avec ses doigts et ses pieds et surtout qui sait qu'elle va finir les fesses en feu et les larmes qui coulent le long de ses joues.
Tout ça pour dire que finalement, je suis une petite fille qui joue avec les mots jusqu'aux maux..
Très joli texte, j'aime beaucoup ;)
RépondreSupprimerMerci beaucoup Sia😊
SupprimerJ'adore!!
RépondreSupprimerJe m'en doute pas 😉
SupprimerJe vois que nous sommes toutes deux sensibles aux mêmes... arguments, sourire ! Même si par des mécanismes et avec des effets différents. Vous avez été plus rapide que moi et votre si joli billet me dispense d'en commettre un, ce qui n'est pas pour déplaire à la paresseuse revendiquée que je suis ;-)
RépondreSupprimerLes mots d'abord, précieux, rares, choisis avec soin pour ne pas les galvauder, calibrés, ciselés par un orfèvre en haute joaillerie lexicale pour être du plus bel effet sur moi, modulés par des intonations graves, profondes et vibrantes, tour à tour chaudes ou froides, propres à distiller proximité ou distance émotionnelles entre nous, à me mettre sur des charbons ardents ou à me figer sur place comme prise dans la glace... Des intonations qui viennent éclairer le propos pour éviter toute confusion, marquant le sérieux, l'ironie, et qui font tant défaut à l'écrit ; tout comme vous, il m'arrive souvent de douter à la lecture d'un mail, tant cette absence de "signalisation" me propulse à la vitesse grand V sur mon autoroute intérieure des interprétations les plus folles et souvent erronées en raison d'une fâcheuse tendance au doute et à la projection de mes démons intimes, mésestime et manque de confiance en soi loin devant les autres.
Le regard ensuite, miroir de son âme, reflet de la mienne. Un regard d'aigle, altier, précis, aigu, perçant au point de lire en moi comme à livre ouvert, perspicace, infaillible, auquel rien n'échappe jamais, appuyé et ponctué d'inflexions des sourcils qui, tantôt froncés, tantôt circonflexes, soulignent et accentuent ses messages muets, mécontentement, menace, ou semblant d'incrédulité devant un mien refus comme pour demander si je souhaite bien persister dans cette mauvaise voie...
Et tout logiquement, les mots et le regard sont deux sujets à propos desquels je suis une intarissable bavarde et qui m'hypnotisent, rire ! Pardon.
Encore bravo et merci pour ce joli texte.
Je suis ravie que mon post vous plaise... je ne cache pas que j'ai eu du mal à exprimer tout ce qui se passait en moi... j'ai simplement voulu raconter mon ressenti 😊
SupprimerJ aime vous lire, vous maniez les mots avec brio... merci.
Les coups claquent, les mots résonnent... (sourire)
RépondreSupprimerParfois les mots claquent plus fort que les coups qui résonnent en moi...😏
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